The Lord of the Rings : Gollum - Nacon est-il un risque ?

Je suis une passionnée de jeux vidéo. C'est véritablement quelque chose qui est important pour moi et que je prends plaisir à faire. Et comme c'est une passion, je suis un peu tel un furet sur internet à la recherche de tout ce qui peut susciter mon intérêt. Bien m'en a pris car ce matin, au cours de mes pérégrinations, j'ai appris quelques petites choses sur l'éditeur filiale de BigBen Interactive que je vous présentais il y a un mois, et qui sera le co-éditeur du futur jeu LOTR : Gollum. J'ai nommé : Nacon. Mais penchons nous sur la chronologie des faits pour comprendre en quoi cela peut impacter Gollum.

The Sinking City est un jeu développé par Frogwares, un studio Ukrainien qui est spécialisé dans les jeux d'aventures. Il s'agit d'un jeu explorant une ville fictive envahies par les flots, dans un univers Lovecraftien. Culte de Ctulhu, créatures cauchemardesques, le jeu est en prime relativement bien noté à sa parution en 2019 sur PC, Xbox One et Playstation 4. Ce jeu est le point de départ d'une collaboration entre Frogwares et son éditeur, vous l'aurez deviné, Nacon via son appartenance à BigBen Interactive. 

Le problème ? Au mois d'août 2020, le jeu est retiré de Steam et de plusieurs autres stores, Frogwares se fendant pour l'occasion d'une lettre expliquant pourquoi il en est ainsi. Vous pouvez la retrouver en anglais ici sur le site même du développeur Ukrainien. Pour les non anglophones et pour vous synthétiser un peu le propos, Frogwares y explique qu'ils sont en désaccord avec BigBen Interactive/Nacon depuis la parution du jeu mais l'impossibilité de trouver un accord ayant conduit à une procédure judiciaire, la confidentialité ne s'applique plus et le studio peut désormais expliquer les raisons du retrait des magasins et du désaccord avec son éditeur. 

Ainsi, ils accusent BigBen Interactive/Nacon de ne pas avoir respecté l'accord liant les deux parties puisque l'éditeur n'aurait pas reversé les royalties au développeur, menti au client sur la nature du partenariat et refusé de payer ce qu'il devait ou avec du retard.

Dans les grandes lignes, l'accord stipulait ceci : en échange d'un apport financier au développement du jeu, BigBen Interactive/Nacon obtenaient le droit de le distribuer, sans que Frogwares détenant la propriété intellectuelle ne cède cette dernière et justifiant donc un intéressement sur les chiffres de ventes réalisés par l'éditeur. C'est somme toute assez classique comme accord. L'éditeur devait effectuer des paiements à intervalles réguliers le temps de la production, puis ensuite reverser les fameux royalties sur les ventes. 

Mais si sur le papier tout le monde était content, la mise en pratique semble avoir quelque peu bafouillé. Ainsi Frogwares décrit des situations où l'éditeur payait en retard, tandis qu'eux-mêmes s'attelaient à toujours rendre le travail en temps et en heures. Le développeur explique avoir été dans l'obligation d'émettre à de multiples reprises des mises en demeures pour obtenir ce qu'on leur devait. 

BigBen Interactive/Nacon a par la suite racheté un studio concurrent travaillant lui aussi sur un jeu dans un univers Lovecraftien, avant de... demander le code source de The Sinking City à Frogwares. Le code source, c'est toute la base du jeu en somme, c'est ce qui lui dicte comment fonctionner. Problème, cela ne faisant pas partie de l'accord, Frogwares refuse et l'éditeur cesse les paiements. 

Le jeu sort finalement bon gré, mal gré au mois de juin 2019, et dans la foulée Frogwares reçoit une lettre de BigBen Interactive les informant qu'une annulation rétroactive a été décidée et donc qu'ils ne verraient pas la couleur de leurs royalties sur les ventes.

Une autre accusation porte sur le fait d'avoir été maintenu éloigné de l'aspect ventes pures par l'éditeur. BigBen Interactive les aurait donc maintenus dans le noir de sa stratégie de vente. Frogwares affirme même qu'ils n'ont reçu des chiffres de ventes, au demeurant incomplets et douteux qu'au moment d'un premier lancement de l'affaire sur le plan judiciaire. 

Enfin, dernier point de litige, les mentions sur le produit laissent entendre que Frogwares ne serait pas le propriétaire intellectuellement parlant du produit mais juste un intervenant technique.

En octobre 2020, une première décision de justice est rendue, en faveur de l'éditeur et permettant la remise à la vente sur le Microsoft Store du jeu pour commencer. Ce premier retour est acté au moins de janvier 2021, accompagné d'une déclaration de Nacon expliquant qu'ils sont contents de ce retour.

Le litige est loin d'être enterré et qui a raison, impossible de le savoir. Il ne faut juste pas céder à l'apparente facilité manichéenne de voir à la façon David contre Goliath le gentil développeur candide contre le méchant éditeur. 

Je l'évoquais déjà dans l'article sur Gollum d'il y a un mois, la décision de faire affaire avec Nacon de Daedalic Entertainment me semble assez particulière. Un mois plus tard, toujours pas de nouvelles de l'un comme de l'autre. Mais Nacon et sa société-mère pourraient-ils poser problème au développement du jeu sur Gollum ?

Probablement pas. Car en fouillant un peu on peut mettre la main sur ceci. On peut donc se demander si Frogwares est un studio vraiment malchanceux ou s'ils sont au contraire du genre à monter en épingle quelque chose de commun. Ou peut-être tentent-ils de lever une omerta dans le milieu vidéoludique ? Quoi qu'il en soit, rassurez-vous. Nacon, malgré sa jeunesse dans le milieu de l'édition ne sera vraisemblablement pas un problème. Exception faite de ce litige avec Frogwares, je n'ai rien trouvé attestant d'un éventuel comportement délétère pour la menée à bien de projets. 

Je rappel néanmoins à toutes fins utiles que je ne suis pas une devineresse, je ne vois pas dans l'avenir. Aussi, il faut se plier à la célèbre règle du "wait & see" pour avoir quelque chose de tangible. Si néanmoins de nouvelles perspectives se dégageaient via de nouvelles infos, il va de soi que je vous en informerai.