The Lord of The Rings par Amazon : scénariste ?

Voici quelques jours je vous proposais un petit examen rapide du parcours de celui qui sera le fer de lance de la série d'Amazon : Juan Antonio Bayona. Ainsi, nous avions vu un réalisateur à la carrière sans faux pas, capable de jongler avec des budgets comme des genres différents et parfois même une approche inhabituelle dans ses oeuvres. Désormais, il est temps de nous pencher sur le cas d'une des scénaristes : Helen Shang.

OEUVRER DANS L'OMBRE

Ce n'est pas un secret, dans la plupart des oeuvres et pas uniquement, il y a les "cartes de visites". C'est la petite allégorie que j'emploie pour désigner les personnes sur le devant de la scène, véritables ambassadeurs des projets auxquels ils participent. Mais, comme pour une lance, son fer seul n'est rien s'il n'est porté par sa hampe. Ainsi, les différentes oeuvres notamment cinématographiques ne seraient pas ce qu'elles sont, voir pas là du tout, sans ces gens un peu en retrait mais qui constituent la base et les fondations sur lesquelles tout est construit. 

Helen Shang fait partie de ces gens. Elle est non seulement scénariste pour la série, mais également co-productrice. Pour les non initiés et vulgarisé, un co-producteur est une personne participant aux décisions du projet auquel il prend part. Cela peut par exemple aller du casting à la budgetisation en passant par la localisation du tournage. Ce poste est à ne pas confondre avec celui de producteur, qui est une personne travaillant pour les studios de production qui sont ceux qui font commande du projet. 

En définitive, Shang participe aux prises de décisions concernant la direction de la série en plus de prendre part à l'écriture de son scénario. 

Comme je l'évoquais dans l'article précédent il est difficile de savoir à quel point les studios de production qui sont au nombre de quatre sur la série, dont des gros noms tels que NewLine Cinema ou Warner Bros, vont laisser de la marge de manoeuvre au réalisateur et son équipe. Les sommes investies sont colossales et les exemples de blockbusters ratés parce que les studios y mettent leur nez en court-circuitant la vision du réalisateur ne manquent pas.

Ces oeuvres sont d'ailleurs très reconnaissables quand cela va au-delà du point de non retour et que le réalisateur demande à être crédité non pas sous sa propre identité... mais sous le pseudonyme d'Alan Smithee, qui est un pseudonyme généralement usité par des personnes étant en fondamental désaccord avec un résultat sur lequel ils n'ont pas eu leur mot à dire. 

Parfois, certains créent même leur propre pseudonyme tel que David Lynch sur le célèbre Dune. Il a demandé à être crédité sous le nom de Judas Booth. Judas étant le traître ayant trahi Jésus, et Booth n'étant nul autre que le nom de l'assassin d'Abraham Lincoln. L'ambience devait être tendue aux diner d'affaires... 

À l'inverse, des réalisateurs en roue libre qui partent totalement en vrille ne manquent pas non plus, il y a donc un subtil équilibre à trouver.

Mais trève de digression cher lecteur, revenons-en à nos moutons. Enfin, notre mouton. Donc, Helen Shang a officié sur quelques séries à gros budgets et connues. Parmi elles, nous retrouvons des noms tels que 13 Reasons Why, Hannibal ou encore Hawaï 5-0. 

Outre ces séries sur lesquelles elle a écrit ou co-écrit des épisodes, elle a également travaillé en tant que "additionnal crew" sur d'autres, comme Body of Proof. Additionnal Crew, c'est un poste un peu fourre-tout. On peut très bien y faire office d'assistant comme de chercheur pour les besoins de la série, qu'il s'agisse d'infos pour étayer le contexte de ladite série, de lieux de tournages à proposer ou quoi que ce soit étant nécessaire à la mise en place du projet... il est donc question d'une place dans la hiérarchie où souplesse d'action rime avec prise d'initiatives et grande capacité d'adaptation.

Coutumière des séries à succès et de l'écriture de leurs épisodes, Helen Shang est un excellent choix pour l'équipe de scénaristes. Expérimentée et connaissant tous les niveaux de production d'une série, son statut de co-productrice lui octroie une place privilégiée pour mettre cette expérience à profit. Sa carrière démontre une capacité d'adaptation nécessaire quand il s'agit de relever des défis, ici la bagatelle de réussir la série la plus coûteuse au monde, et une bonne capacité au travail d'équipe. Ce qui clairement, ne sera pas de trop... 

N. B. J'ai pris la liberté de contacter la principale intéressée via son compte Twitter. Très cordiale et bien que je ne lui aurais posé aucune question concernant la série elle-même, elle a préféré décliné un échange éventuel pour ne pas risquer de se mettre en porte-à-faux avec la production de la série, ce qui est au demeurant parfaitement compréhensible. Elle a néanmoins salué l'initiative de parler plus en détail de l'équipe technique de la série.