The Lord of the Rings par Amazon : quid de son réalisateur ?
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Petit retour sur la carrière du réalisateur de la série commandée Amazon.
Le casting de la série The Lord of the Rings par Amazon aura fait coulé beaucoup d'encre entre annonces, rumeurs et suscité l'ire de nombreuses personnes, à fortiori après la série The Witcher et la propension de Netflix à remplir un cahier des charges notamment représentatif. Mais s'il est un aspect que pour ainsi dire personne n'a questionné, c'est celui de l'équipe technique. Et quoi de mieux pour une petite rétrospective sur ladite équipe que de commencer par la figure de proue du projet, le réalisateur ?
JUAN ANTONIO BAYONA
Détenteurs de plusieurs Goyas, équivalent espagnol des Oscars Américains et des Césars Français, Juan Antonio Bayona est un espagnol à la carrière pour le moins particulière. En effet, là où nombre de réalisateurs se cantonnent à des genres spécifiques, lui aura touché à plusieurs genres. Depuis le blockbuster à gros budget avec Jurrassic World : Fallen Kingdom, au film catastrophe avec Lo Imposible en passant par le film de genre dans le registre fantastique avec A Monster Calls( Quelques Minutes Après Minuit pour le titre français ), la carrière du bonhomme est plutôt éclectique.
S'il a également officié en tant que scénariste et à quelques occasions en tant qu'acteur, c'est bien ses capacités de réalisations qui nous intéressent ici. Que vaut-il ? Pourquoi lui ? A quoi s'attendre dans le cadre de la série dans l'univers de Tolkien ? Que de question... Alors penchons-nous sur le travail et la vie de ce cher espagnol afin d'essayer de nous faire un avis.
Le premier long métrage de Bayona s'inscrivant dans le registre du fantastique, que beaucoup de gens confondent avec la fantasy, s'intitule El Orfanato ( L'Orphelinat ). Si jamais c'est son premier long métrage en tant que réalisateur, ce n'est pas sa première oeuvre pour autant. Si El Orfanato a été projeté en 2007, c'est en 1999 déjà que l'espagnol faisait ses armes sur des courts-métrages en tant que réalisateur ou scénariste et c'est bien son premier long métrage qui lui offre un pied-à-terre dans la cours des grands, puisque c'est l'occasion de travailler avec Guillermo Del Torro qui est le producteur de El Orfanato.
Ce dernier est un succès critique, artistique et surtout commercial. En effet, le film est bien noté par les critiques, primé au Fantastic'Arts ( Festival International du Fantastique de Gérardmer ) où il raffle deux des septs prix en 2008 ainsi que le Goya des meilleurs effets spéciaux dans son pays d'origine. Mais surtout, non content d'être un succès critique aussi bien journalistique que public, un succès artistique, le film rapporte la bagattelle de presque 80 millions de dollars, soit quelques 20 fois son budget initial de 4 millions. En terme clair, le gars a fait comprendre aux cadors du secteur qu'il déconnait pas et bouffait de la péloche toute crue au petit dèj rien qu'avec son premier long métrage.
Cependant, il faudra attendre 5 ans avant de revoir Bayona enfilé la casquette du réalisateur, n'ayant fait qu'une apparition en tant qu'acteur entre temps, avec Lo Imposible ( The Impossible ) qui cette fois va dans le registre du film catastrophe. Il faut être assez énervé pour aller chercher des gars comme Roland Emmerich sur leur propre terrain quand même... Quoi qu'il en soit si le film s'inscrit dans le registre catastrophique, contrairement à d'autres, il prend place dans un évènement bien réel : le tsunami ayant balayé la Thaïlande en 2004. Par ailleurs, le film est salué pour son traitement émotionnel allant à l'encontre des films du genre en général.
En prime, la musique a changé : Bayona a fait ses preuves et c'est désormais doté d'un budget 11 fois plus élevé que son précédent long métrage, soit 45 millions, qu'il s'attaque a Lo Imposible avec un casting de haute volée incluant Ewan McGregor, Naomi Watts, Tom Holland...
Prouvant que El Orfanato n'était pas un coup de bol de débutant, le film est nominé dans tous les sens dans plusieurs pays, se gave de récompense pour son équipe technique comme son casting, et défonce le box office en ramenant plus de 4 fois son budget avec une recette de presque 200 millions de dollars.
En 2014, il sort du grand écran pour réaliser les deux épisodes d'ouverture de la série Penny Dreadful, série d'horreur américano-britannique reprennant les bases des nouvelles littéraires éponymes coutant un penny et ayant fait fureur au XIXème siècle de par leurs inspirations de faits réels. Portée par Eva Green, la série durera trois saisons pour une trentaine d'épisodes environ et sera primée ou nominée à plusieurs reprises.
Enfin, en 2016, Bayona revient aux long-métrages avec A Monster Calls ( Quelques Minutes Après Minuit ) basé sur un roman du même de Patrick Ness et vient rappeler que le mec a des balloches en fonte en repartant vers le genre fantastique ayant fait sa renommée. Si le film se rembourse tout juste, il est néanmoins un succès critique, artistique et public encore une fois. Primé et nominé dans tous les sens et plusieurs pays, A Monster Calls entérine la réputation de l'espagnol en tant que valeur sûre.
Fort de ce succès, en 2018 sort Jurassic World : Fallen Kingdom, suite directe de Jurassic World réalisé par Colin Trevorrow. Fallen Kingdom représente un peu une dissonance dans la carrière de Bayona. En effet il est souvent difficile, surtout pour un réalisateur certes talentueux mais toujours considéré comme un outsider novice, de ne pas se livrer à un bras de fer avec la production. Pour un budget de 170 millions de dollars, il ne s'agit plus de petite monnaie et de gros noms tels que Legendary ou Universal sont en tête d'affiche. Considéré comme un semi échec, le film reste néanmoins un bulldozer dans un préfabriqué au box-office avec plus d'un milliard de recette mondiale. S'agissait-il d'un film de commande sur lequel Bayona n'a pas vraiment imposé sa patte ? Probablement.
Je n'ai pas trouvé de gimmick ( "patte" artistique d'un procédé propre à un réalisateur ) propre à Bayona dans ce film, contrairement aux précédents. Il aura au moins prouvé qu'il peut jongler avec tous les budgets et tous les styles, en faisant un véritable couteau suisse cinématographique à la réal !
Non, Bayona n'a pas un pédigré long comme le bras, mais il n'a surtout pas connu d'échec. Néanmoins, le Seigneur des Anneaux reste un registre auquel il ne s'est pas attaqué et le format sériel est nouveau pour lui. De fait, son ascension fulgurante s'accompagne d'une pression importante car s'il a prouvé qu'il était capable d'adaptation, il porte sur ses épaules la série la plus chère jamais produite au monde où une seule saison implique plus d'argent que Fallen Kingdom. En cas d'échec, les conséquences seraient plus dévastatrices que quelques mauvaises critiques sur un blockbuster dont la critique n'est de toute façon jamais satisfaite.
Il a donc toutes les compétences pour mener le projet a bien, mais ce sera tout sauf une balade de santé entre la pression sur ses épaules et un contexte sanitaire qui ne semble pas vouloir s'arranger après plus d'un an de pandémie.